Un peu partout dans le monde, et plus proches de nous, en Espagne, des villes ont choisi d’être des laboratoires de nouvelles formes de démocratie participative et de communs urbains. Sous le terme de municipalisme, on place un ensemble d'expériences dans lesquelles des plateformes, regroupant collectifs de transition, mouvements sociaux et citoyens mettant en place des solutions concrètes d’améliorations des conditions de vie, dessinant ainsi une nouvelle voie pour la démocratie du XXIème siècle et suscitant l’émergence d’un nouvel imaginaire, un nouveau récit. C'est la constitution de convergence d'organisations, d'activistes et de citoyens participant à la transformation des institutions, qui incite les habitants à ne plus se contenter d'être des récepteurs, mais à participer à la production des solutions qui concernent leur vie. Nourri par les travaux d'Henry Lefebvre sur le Droit à la Ville et par le mouvement des communs, le municipalisme est en train de devenir une perspective concrète de révolution démocratique, éco-féministe et écologique.
Pour réaliser la perspective municipaliste, il nous semble essentiel de partir des territoires. C'est pourquoi nous proposons un intervention municipaliste dont la première étape se déclinera dans deux villes de septembre 2018 à janvier 2019 avant d'étendre la dynamique à une dizaine de villes.
En réalisant une cartographie des divers réseaux impliqués dans l'émergence d'un nouveau municipalisme dans la sphère francophone, l'objectif du GIM est d'intervenir en coopération et complémentarité avec les acteurs et les réseaux territoriaux existants.
Notre spécificité peut se résumer en une phrase: soutenir les dynamiques sur le terrain et porter un leadership collaboratif pour ancrer la dynamique municipaliste dans 10 villes afin de réaliser des expérimentations inspirantes et mesurables.
Le GIM a élaborer une méthodologie qui s'adaptera à chaque particularité territoriale mêlant actions de terrain, formations, soutient théorique et technique. Il propose d'expérimenter avec les collectifs d’habitants et les organisations des territoires pour que les habitants puissent reprendre le pouvoir à l’échelon municipal dans le but d'aboutir à des transformations concrètes.
Méthodologie d'intervention
Avant de nous déployer pleinement sur dix villes, nous avons d'abord sélectionné deux villes (une commune et une communauté de communes) à partir desquelles nous expérimenterons notre méthodologie durant les prochains mois. Cette première période démarre en septembre prochain et se clôturera en janvier 2019.
Nous avons fait le choix de nous rendre dans des villes où une dynamique collective est déjà présente et dans laquelle il y a une réelle volonté de la part des habitants de reprendre le pouvoir sur leur municipalité. Ainsi, les villes choisies sont le fruit de sollicitation venant de la part de ces collectifs d’habitants.
Etape 1 : Diagnostic
Le groupe se rend une première fois sur place pour étudier l’écosystème en place, établir les forces et faiblesses au sein des communes et des dynamiques d’habitants. Lors de cette phase, l’enjeu est de former le groupe local aux méthodes de porte à porte pour faire remonter les problèmes et améliorations suggérés par les habitants.
Après notre départ, le groupe continue ces enquêtes de terrains et entame une dynamique de reliance pour intégrer les diverses organisations locales dans la dynamique naissante de groupe d’intervention local.
Etape 2 : PPP
Quelques semaines plus tard, nous retournons sur place pour observer les intérêts dominants de la population et déterminer une première action permettant au groupe d’habitants de se structurer et débouchant sur une première victoire « significative ».
Cette première action permet d’enclencher une dynamique collective et de se structurer autour d’un récit fort.
L’action en elle-même aura une portée symbolique forte et peut prendre toute sorte de forme : action de désobéissance civile, happening, manifestation… Le lien étant la réappropriation du territoire. Nous nous baserons sur les souhaits des habitants et suggérerons un panel d’actions dont le GIM a déjà fait l’expérience.
Durant cette étape nous établirons également les moyens de communication pour rassembler d’autres participants lors de l’action et sensibiliser les médias locaux.
Etape 3 : Jour de l’action
Nous serons sur place pour accompagner l’action tout au long de la journée. Le soir nous enchainerons par une soirée consacrée au municipalisme dans laquelle différents intervenants seront invités à expliquer les enjeux autour du film « Des clics de conscience » et de l'exposition « Les voies de la démocratie » qui ensemble posent les grandes questions de la gestion démocratique des territoires au travers du droit d'amendement citoyen et de plusieurs expériences de démocratie locale en Europe.
Etape 4 : Agora de campagne
Fort des actions et de la dynamique de groupe enclenchée, nous faciliterons une grande agora constituée d’habitants et d’organisations locales pour déterminer les enjeux de l'expérience municipaliste à mener dont la campagne municipale de 2020 sera une étape importante. Le nombre de participants et l’issue de cette agora nous permettra de préparer la campagne pour l’année à venir.
En parallèle et lors de chacune de nos visites, des actions complémentaires pourront être envisagées selon les besoins observées sur le terrain (formation à l'animation, aux outils de démocraties participatives, cafés citoyens/discussions, appel à intervenants pour partager des récits spécifiques...). A l’issue de ces quatre étapes, nous dresserons le bilan de notre mobilisation et l’ajusterons pour les prochaines villes déterminées.
Et ensuite ?
Nous apportons notre soutien aux dynamiques municipalistes
tout au long de la campagne et après 2020.
Qui sommes-nous ?
Mélissa Perez est facilitatrice en intelligence collective et activatrice de collaboration à l'échelle des villes. Après 10 ans à Montréal où elle facilite différents projets citoyens en innovation sociale et notamment impliquée sur le dispositif "Montréal Ville intelligente et collaborative" , elle créé Sense in the City de retour en France. Depuis 2 ans, elle forme à la facilitation, transmet des outils participatifs et facilite l'émergence d'assemblées citoyennes locales impliquées dans la transition citoyenne, écologique, économique et démocratique pour la réappropriation de la "cité" par ses habitants. Ainsi, elle a contribué à la formation d'une douzaine d'assemblées locales qui s'organisent pour présenter des listes participatives aux prochaines élections municipales.
David Gabriel Bodinier est activiste urbain, cofondateur du mouvement la Rage du Peuple à Marseille et formé au Centre pour l’Innovation Sociale (NOVA-CIS) de Barcelone. Il a participé à la première expérimentation française des méthodes du community organizing à Grenoble. En 2012 il crée un Atelier Populaire d’Urbanisme (APU) avec des habitants dans l'emblématique quartier de la Villeneuve de Grenoble.
Jonathan Attias est journaliste et réalisateur de documentaires. Il consacre son travail aux implications citoyennes dans les décisions politiques. Son premier film « Des clics de conscience » raconte l’aventure vécue d’une pétition #YesWeGraine visant à préserver les semences paysannes. Cette pétition a abouti sur l’adoption d’une loi citoyenne permettant aux agriculteurs de s’échanger librement les semences traditionnelles (et changer une juridiction vieille de vingt ans qui leur interdisait de le faire).Jonathan a récemment fondé « la CLIC » (Citoyens Lobbyistes pour l’Intérêt Commun) et travaille sur de nouvelles lois comme la création d’un « Droit d’Amendement Citoyen » permettant aux citoyens de suggérer directement des articles de lois qui seraient ensuite votés dans les assemblées parlementaires. Il enseigne la « démocratie contributive et le lobbying citoyen » à l’Université de Cergy Pontoise auprès des étudiants en Master 2 RSE, Communication, Environnement.
Thomas Simon est un géographe, formé à l'expérimentation urbaine et aux outils de facilitation il a d’abord utilisé ses compétences au sein de institution en tant qu'agent territorial. Il s'est ensuite consacré à l'activisme écologique en participant à plusieurs campagnes d'actions non violentes en France et en Allemagne. Après avoir été au cœur du mouvement des places en 2016, pendant Nuit Debout à Grenoble, il a entrepris un voyage pour aller à la rencontre de 28 initiatives de démocratie locale dans 14 pays européens afin de pouvoir s'inspirer et partager les pratiques d'ailleurs : Les voies de la démocratie. Aujourd'hui il œuvre à la reliance des organisations dans une perspective municipaliste et au soutien des collectifs locaux qui s'organisent pour prendre le pouvoir dans les villes en 2020.